Depuis quelques temps, on entend parler d’une crise du logement à Nantes. On manque de logement. Certes. Si on ne peut pas dire le contraire, il faut comprendre d’où le problème vient. Car cette crise du logement est bien le résultat d’une politique. Celle décrite par tous les documents officiels, du SCOT (Schéma de cohérence territorial Nantes-St-Nazaire), ou du Plan Local d’urbanisme métropolitain.

Dans une course effrénée pour « réaffirmer son rôle métropolitain », Nantes Métropole fait tout pour capter l’essentiel de la croissance démographique de la région (c’est-à-dire l’aire urbaine Nantes-St-Nazaire). Depuis 2010, le dynamisme démographique est porté par le solde migratoire, c’est-à-dire les personnes venant s’installer par ici. Avant cela, ce même solde était faible voire négatif depuis 1975. Pour réussir à faire de Nantes une « métropole de rang européen », Nantes métropole a mis en place toute une politique dite « d’attractivité ». Ce phénomène nouveau est dû à une volonté politique de la Métropole et ses composantes.

Pour faire cela, elle incite les entreprises à venir concentrer leur activité sur un territoire restreint, grâce à une offre foncière incitative et de nombreux projets structurants : « Pôle industriel d’Innovation Jules Verne, Pôle Agro Océane, Quartier de la création, pôle hospitalo-universitaire, Euronantes… ». Alors que la Métropole affirme sa volonté de créer des emplois diversifiés, cela ne se traduit pas dans les faits qui montrent une croissance élevée du nombre de « cadres et professions intellectuelles supérieures » et seulement une légère hausse du nombre de « professions intermédiaires », alors que la population des employés et ouvriers, elle, diminue.

Cette politique de métropolisation et d’attractivité est antisociale. Pour satisfaire les exigences des classes supérieures, il faut libérer du foncier en centre-ville ou alors dans des bois qu’on grignote pour être « proches de la nature » tout en la détruisant, comme aux Gohards. Les espaces naturels sont privatisés et deviennent un objet de luxe. En centre-ville, cela se traduit notamment par la destruction de l’édit de Nantes, ancien foyer de jeunes travailleurs, avec plus de 80 logements, pour construire seulement huit logements de luxe ! Cela se traduit aussi par la transformation du centre-social autogéré de la Maison du peuple dans l’ancien collège Notre-Dame-de-Bon-Conseil, en logement de luxe, sans un seul logement social.

POURTANT, EN MATIÈRE DE LOGEMENTS SOCIAUX SUR LA MÉTROPOLE, IL Y A URGENCE. En 2018, il y avait plus de 30 000 personnes en demande. Malgré des objectifs ambitieux de construction de 2 000 logements sociaux par an dans la ville de Nantes, les résultats ne sont pas à la hauteur. Ces trois dernières années, on atteint difficilement les 1 000 nouveaux logements sociaux par an. Or, dans le même temps, des centaines de logements sociaux sont menacés par le projet du Grand Bellevue. Place Mendès France, c’est plus de 100 logements qui vont être détruits prochainement sans être remplacés.

Non seulement on ne construit pas assez, deux fois moins que prévu, mais en plus on détruit du logement social !

Antisociale, la métropole est aussi anti-écologique.

Pour répondre aux arrivées provoquées, il faut créer des logements, responsables à 60% des artificialisations en France. C’est la ZAC Doulon-Gohards, la ZAC du Champ de Manœuvre, les projets immobiliers à la Chappelle sur Erdre, Nantes Nord, etc. etc. Pire, pour produire tout ce béton, il faut beaucoup de sable, extrait dans les carrières nombreuses en Loire-Atlantique. Or les carrières s’étendent sur des terres maraîchères et les artificialisent.

Le rapport du GIEC Pays-de-la-Loire enjoint à remettre en cause les projets d’artificialisation de zones naturelles et agricoles aussi bien dans la région qu’au sein de la métropole nantaise qui tire la croissance démographique de la Loire-Atlantique et des Pays de la Loire, provoquant de nouvelles artificialisations.

SOLUTIONS POUR UNE ÉCOLOGIE SOCIALE

Pour loger celles et ceux qui ont besoin de logements sociaux, il faut trouver des solutions écologiquement et socialement soutenables. Par exemple, que la municipalité rachète les passoires thermiques (qui n’auront plus le droit d’être louées) et les rénove pour les proposer à prix modérer. Ou encore qu’elle transforme des zones d’activité et des zones commerciales en quartiers d’habitation vivants et agréables (c’est-à-dire pas du tout béton).

C’est pourquoi nous luttons contre la ZAC Doulon-Gohards, contre la bétonisation et l’artificialisation des terres maraîchères et naturelles à Nantes et partout ailleurs !