Quartier manifeste de la démétropolisation
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Résumé
Extension des carrières de sable, destruction des terres agricoles, construction d’entrepôts logistiques et de bureaux, nouvelles autoroutes, attractions touristiques, projets immobiliers gentrificateurs… En Loire-Atlantique comme ailleurs, ces projets contestés servent le même objectif : la croissance effrénée des métropoles qui façonnent et hiérarchisent nos territoires.
Les politiques de métropolisation, ce sont des terres artificialisées qui progressent deux fois plus vite que la croissance de la population ces deux dernières décennies. Ce sont plus de 2 500 hectares coulés sous le béton en vingt ans seulement au sein de la métropole nantaise. Ce sont 10 500 000 tonnes de granulat extraites chaque année dans le département dans des carrières qui grignotent, polluent et défigurent nos campagnes. Ce sont des prix immobiliers qui ont doublé en dix ans, et des loyers qui se sont envolés. Ce sont aussi des destructions de logements sociaux plus rapides que leur remplacement par des nouveaux alors que 30 000 personnes sont en attente d’un logement social dans la ville. Ce sont les logements haut-standing qui se multiplient et dépassent le million d’euros à quelques kilomètres seulement des cinquante-huit bidonvilles dans lesquels habitent plus de 3 000 personnes.
Avec l’artificialisation d’anciennes terres maraîchères et la disparition de zones humides, la construction d’un nouveau quartier gentrifié au mépris des limites physiques de la ville et l’expulsion de 5 bidonvilles convertis en « zones vertes » de compensation environnementale, la ZAC Doulon-Gohards portée par Nantes Métropole est emblématique de ces politiques destructrices et mal-adaptées aux enjeux du XXIème siècle.
Pourtant, d’autres manières de faire la ville en commun sont possibles, en partant des besoins et des usages existants et des habitant·e·s déjà présents tout en refusant d’opposer urgences climatiques et urgences sociales. Nous le démontrons en faisant des Gohards en Commun.s un projet de quartier manifeste de la dé-métropolisation.
Cette dé-métropolisation passe par une reprise du foncier pour lutter efficacement contre la spéculation immobilière et garantir la maîtrise publique de l’évolution de la ville. Nous revendiquons par là même la fin de la surenchère et de l’emballement imposé par la promotion et la prédation immobilière à travers la construction de 1550 logements en habitat coopératif dont 50% de logements sociaux sans artificialisation des sols tout en réactivant une filière locale de la construction au service des habitant·es. L’évolution de Doulon-Gohards sera ainsi assurée par un comité de quartier pour un aménagement en partenariat public-habitant·es qui rompt avec la main mise des promoteurs et des majors du BTP sur la ville.
Cette politique ira de pair avec une reprise des terres pour (re)faire de Doulon un quartier nourricier à travers le développement du maraîchage public alimentant les cantines scolaires en produits bio et locaux et par le développement des jardins partagés pour une résilience alimentaire.
Nous revendiquons la reprise des lieux et des espaces productifs du quartier afin de concrétiser le changement matériel de la ville avec ses habitant·e·s. Cette politique s’appuiera sur cinq Maisons communales, caractéristiques de cinq gestes de reprise des ressources et des savoirs de la fabrique de la ville par les habitant·es : une Maison Communale du Quartier, de la Réparation, de la Construction, de la Subsistance, et des Sols.
Face à la sanctuarisation des espaces et aux opérations mathématiques de compensation absurdes, nous revendiquons enfin un autre rapport au territoire et au vivant. Ces espaces, nous les habitons et nous les partageons en commun. Nous en prenons soin en suivant les préconisations du GIEC tout en nous appuyant sur les spécificités écologiques de ce quartier essentielles à l’adaptation du territoire aux changements climatiques et aujourd’hui menacées (restauration des zones humides, plantation de haies bocagères, développement du pâturage…).
Nous appelons ainsi à un nouveau récit de ville : sensible, populaire, hospitalier, coopératif, convivial, écologique et émancipateur. Les Gohards en Commun.s est la première pierre de ce projet manifeste.