Contre qui, contre quoi nous nous battons ?
Contre les promoteurs
La lutte contre la ZAC Doulon-Gohards met en lumière la bataille contre la bétonisation et la métropolisation, incarnées par des acteurs bien précis.
Le permis de construire délivré par la mairie de Nantes pour la première tranche (un parking silo et des immeubles) est au nom de l’entreprise SAS Plateau des Gohards, créée spécifiquement pour faire une plus-value sur l’achat et la revente du terrain. Cette société est une filiale des promoteurs CIF et Aethica (qui commercialise les appartements sous la marque ADI pour Aethica Développement Immobilier).
Aethica, dirigée par le représentant de son principal actionnaire et fondateur, Patrick Fontaine, via sa holding “Atlantique Finances et Patrimoine”, révèle sa nature capitaliste. Ce dernier est patron de 39 sociétés. AETHICA, avec ses 7 millions de chiffre d’affaires annuel, est par ailleurs adossée au Groupe DEMATHIEU BARD, 8e groupe français du BTP (240 millions de chiffre d’affaires annuel).
Contre les bétonneurs
“Quand on bétonne à Nantes, on artificialise deux fois : d’abord les terres qu’on veut couler sous le béton comme à Doulon. Et celles qui disparaissent avec l’extension des carrières de sable pour produire le béton”, nous a expliqué mercredi soir une riveraine des carrières à Saint-Colomban.
Le béton, responsable de 40 % des gaz à effet de serre (1e cause du dérèglement climatique) dans le monde, met tant de monotonie dans nos villes et dans nos vies. Chaque seconde, 150 tonnes de béton sont produites, et chaque tonne émet plus d’une tonne de CO2. Lafarge-Holcim, leader mondial du béton, est présent partout dans le monde avec des méthodes criminelles : rappelons-le, la multinationale a été condamnée pour complicité de crime contre l’humanité par les États-Unis pour avoir financé Daech en Syrie.
Le béton est une industrie destructrice, qui pollue l’eau, l’air et la société. Se battre contre l’artificialisation à Doulon, c’est aussi se battre contre le béton.
Contre les investisseurs
Tous ceux qui voient la ville comme un monopoly géant où rentabiliser leur capital. C’est le baron local de Leclerc, Pierre Chartier, qui se lance dans l’immobilier. C’est Waldemer Kita qui a essayé de faire de même avec le Yello Park. Ce sont les promoteurs prédateurs qui harcèlent les personnes âgées pour qu’elles leur vendent leurs maisons pour y construire des immeubles. Ce sont ceux qui tentent de construire des surfaces commerciales partout.
Nous vivons une guerre du foncier. À la campagne, les investisseurs s’accaparent les terres maraîchères pour l’agro-industrie et les gros projets énergétiques. À la ville, les rentiers s’accaparent nos quartiers, nos espaces de convivialité, nos espaces publics pour immobiliser leur capital.
Contre leurs soutiens
Leur principal soutien ? La métropole.
La métropole fait des cadeaux : elle achète des parcelles de terres très peu chères pour les revendre à des promoteurs qui vont faire d’énormes plus-values. Elle aurait pu choisir de faire autrement, en particulier de garder le foncier public pour éviter la spéculation et la hausse des prix. Les dispositifs existent localement, mais la volonté politique manque.
La métropole fait des cadeaux : à peine a-t-elle voté la ZAC Doulon-Gohards, qu’elle a octroyé une extension de 75 000 m2 à Paridis. Joli cadeau fait à Pierre Chartier, en passe de devenir le propriétaire des deux plus grands centres commerciaux de l’agglomération : Atlantis et Paridis.